Comédie:
Richard Lester

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4
On 20 novembre 2012
Last modified:28 octobre 2017

Summary:

Comédie surréaliste sur la mythique liberté sexuelle dans le Swinging London. Toute une époque !

Comédie surréaliste sur la mythique liberté sexuelle dans le Swinging London. Toute une époque !

Le knack et comment l'avoir

The Knack… and How To Get it (1965)

(Le knack et comment l’avoir)

Réalisé par Richard Lester

Ecrit par Charles Wood d’après la pièce de Ann Jellicoe

Avec Michael Crawford, Ray Brooks, Rita Tushingham, Donal Donnelly,…

Directeur de la photographie : David Watkin

Produit par Woodfall Film Productions

Comédie

85 mn

UK

Colin (Michael Crawford) loue des chambres dans une maison londonienne. Maladroit avec les femmes, il tient absolument à ce que son locataire Tolen (Ray Brooks), un tombeur de filles, lui explique le truc pour toutes les faire tomber.  Parallèlement un nouveau locataire Tom s’invite dans la maison et décide de tout repeindre en blanc. Quant à la jeune Nancy (Rita Tushingham), jeune et innocente banlieusarde, elle vient juste d’arriver à Londres et cherche désespérément le foyer pour jeunes femmes.

le knack et comment l'avoirAu milieu des années 60, le vent tourne en Angleterre, la jeunesse s’ébroue, les mods et rockeurs envahissent les rues. Richard Lester, américain formé à la télévision anglaise, est probablement celui qui a filmé de plus prêt le mythique (et certains diront fantasmé) Swinging London à travers trois films de 1964 et 1965 : deux films sur les Beatles, « A Hard Day’s Night » (Quatre garçons dans le vent, (1964) et « Help » (Au secours, 1965), ainsi que la comédie « The Knack and How to Get it ».

« The knack… » est donc une comédie sur le sexe, ou plutôt sur la libido et le fait d’essayer d’avoir une vie sexuelle. Le héros Colin est un grand dadais obsédé par les filles mais qui ne sait pas du tout s’y prendre (tiens on dirait presque le pitch de « American Pie » !). Pour autant on est en 1964, et si les allusions au sexe font partie intégrante du film, on ne montre rien, on suggère mais encore timidement… Pas de filles dénudées donc mais un défilé de splendides filles qui semblent plutôt issues d’un fantasme que de la réalité. Et justement on a dès le générique l’impression que Colin fantasme un Casanova (le personnage de Tolen) qui n’existe pas.

Tolen est un personnage fantasmé donc. Le double décomplexé de Colin que ce dernier envie mais dont il a également peur. Le principe de drague de Tolen est un principe de domination. Les femmes aiment être dominées. Dans une scène surréaliste, armé de sa ceinture, il joue au dresseur qui réduit Colin au stade d’animal, tout en menant une cour, limite sado masochiste, avec la jeune vierge effarouchée, Nancy, qui, après une première phase de peur, finira par succomber au charme de Tolen. Acculée par le charme animal de Tolen, Nancy finira par en perdre la raison, persuadée qu’elle a été violée (impression trouble mélangeant crainte et excitation) !  Face à cette réaction inattendue, Tolen lui en perdra-t-il ses certitudes et son « knack » ?

Surréaliste, le film l’est souvent. Les personnages sont poussés dans leur extrême dérision. Et le film regorge de gags visuels notamment durant les scènes de rue (quand Colin Tom et Nancy ramènent le lit de la décharge à la maison ou quand Colin et Tom chassent Tolen qui a emporté Nancy sur sa moto).

Pour montrer le contraste entre la vie de ces jeunes, aux occupations on ne peut plus floues, et celle de leurs aînés de la vieille Angleterre qui ont connu le Blitz, Richard Lester s’attarde dans les rues sur des visages contrariés de vieux anglais dont on entend les commentaires en voix off sur la jeunesse d’aujourd’hui et sa présumée débauche. « Présumée » car le sexe est encore une fois ici plus fantasmé que réel, et finalement la « débauche » en question se limite à des relations sexuelles pré-maritales, et à un comportement un peu fantasque et provocateur. La jeunesse quoi !

A l’époque, « The knack… » a rencontré un beau succès public mais aussi critique. Le film a ainsi remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes de 1965. Mais difficile de le mettre au niveau d’un autre classique du Swinging London réalisé également par un étranger, avec Jane Birkin dans un petit rôle, et récompensé par la Palme d’Or : le mythique « Blow Up » (1966) d’Antonioni.

Le film parait aujourd’hui quelque peu désuet et parfois hystérique (visuellement et dans le traitement de son sujet). Mais « The Knack… » délivre encore une belle dose de charme pour ceux qui se laissent séduire par cette période du Swinging London qui fait aujourd’hui partie intégrante de la mythologie anglaise.

« The Knack… » bénéficie également de la caution de Woodfall Film Productions, la compagnie cinématographique créée par Tony Richardson, John Osborne et Harry Saltzman pour tourner « Look Back in Anger » (1959) et qui a produit nombre des films les plus significatifs des cinéastes issus du Free Cinema.

Enfin, pour l’anecdote, Michael Crawford, le héros du film, deviendra une star de la télévision anglaise dans son rôle de grand benêt, intellectuellement limité, dans la série à succès « Some mothers do ‘ave ’em » (1973-78).

DVD  MGM. Version originale sous titrée et version française.