Un drame poignant, mais sans pathos, sur sept frères et soeurs dont la jeunesse est volée par la mort de leur mère, puis par les actes d’un « père » indigne

Our Mother’s House (1967)

(Chaque soir à neuf heures)

Réalisé par Jack Clayton

Ecrit par Jeremy Brooks et Haya Harareet d’après le roman de Julian Gloag

Avec Dirk Bogarde, Margaret Leclere, Pamela Franklin, Mark Lester, Phoebe Nicholls…

Direction de la photographie : Larry Pizer / Direction artistique : Reece Pemberton / Montage : Tom Priestley / Musique : Georges Delerue

Produit par Jack Clayton

Drame

UK

Sept enfants vivent dans une grande maison avec leur mère très pieuse. Quand leur mère meurt suite à une longue maladie, les enfants se retrouvent livrés à eux même. Les ainés enterrent leur mère dans le jardin et tentent de sauver les apparences afin d’éviter d’attirer l’attention d’autres adultes. L’un des garçons, effrayé par la maladie d’une de ses jeunes soeurs, finit par envoyer une demande d’aide au mari de leur mère, Charie (Dirk Bogarde) qui débarque un jour.

Chaque soir à 9 heures (Jack Clayton) 1967Les septs enfants de Mme Hook vivent dans une grande maison avec leur mère très malade. Les aînés ont l’habitude de s’occuper des plus jeunes. Quand celle-ci meurt, ils continuent à faire comme si de rien n’était. Ils installent un autel dans la cabane du jardin où ils vont chaque soir « parler » avec leur mère. Mais quand l’une des plus jeunes tombe malade, l’un des aînés s’inquiète et décide de braver l’interdiction familiale en contactant Charlie (Dirk Bogarde) l’ex époux de leur mère, qu’il suppose être leur père même si les enfants ne l’ont jamais vu (même les plus grands).

« Our Mother’s house » est un drame poignant qui évite les facilités mélodramatiques. Le film bénéficie de l’excellent niveau d’interprétation des enfants (c’est jamais gagné !) et de la prestation de Bogarde, excellent en « père » indigne. C’est d’ailleurs cette composition qui attirera l’attention de Visconti qui le fera tourner deux ans plus tard dans « Les Damnés » (1969).

Le moins qu’on puisse dire c’est que les adultes ne ressortent pas indemnes de cette histoire d’enfance volée. Ainsi la mère, à peine aperçue, mais dont l’ombre toxique pèse sur tout le film. Vénérée par ses enfants, elle leur a inculqué une méfiance du monde extérieur, une croyance religieuse qui vire au sectarisme (aucun docteur n’a le droit de franchir le seuil de la maison,…). La femme de ménage est immonde avec les enfants et cherche de faire chanter le père. Quant à ce dernier donc, s’il essaie un temps de faire bonne figure auprès des enfants, ses démons le rattrapent rapidement et il ira jusqu’à tenter de désacraliser la figure maternelle, à l’aura quasi divine pour les enfants.

« Our Mother’s house » est le quatrième film de Jack Clayton, qui a d’abord travaillé comme assistant réalisateur et producteur associé dès la fin des années 30 avant de passer à la réalisation à la fin des années 50 avec « Room at the Top » (Les chemins de la haute ville, 1959). Ce classique du réalisme social vaudra un Oscar à Simone Signoret et lui vaudra une nomination comme meilleur réalisateur. Il ne réalisera que sept films en tout mais plusieurs sont passés à la postérité, dont « Room at the Top » et  le film d’horreur « The Innocents » (Les innocents, 1961).

Au casting, on peut noter la présence  parmi les enfants de jeunes acteurs déjà installés ou en devenir. Ainsi Paméla Frankin qui avait justement débuté au cinéma avec « The Innocents ». Six ans plus tard, c’est une actrice expérimentée, et ici Clayton l’utilise dans un rôle clé. Mark Lester (Jiminee) connaîtra la gloire l’année suivante en décrochant le rôle principal de la comédie musicale « Oliver! ». Il continuera à tourner régulièrement dans les années 70 (« Black Beauty », « The Prince and the Pauper »…). Enfin,  Phoebe Nicholls qui avait débuté dans le précédent film de Clayton « The Pumpkin Eater » (1964) joue la touchante Gerty et continue à tourner régulièrement à la télé et au cinéma (Elephant Man, Love, Maurice,…).

Malheureusement, à ce jour (février 2018) ce joli drame est quasiment introuvable. Il faut se rabattre sur une édition DVD zone 1 (collection Warner Archives) souvent à un prix prohibitif. Côté zone 2, il existe  des DVDs espagnols et italiens. Sinon le film est sorti en blu-ray en… Espagne.

Enfin notons qu’il est disponible en VO (je suppose avec des sous-titres français) sur le Filmto-TV : https://www.filmotv.fr/film/chaque-soir-a-neuf-heures/3117.html

DVD zone 1. Collection Warner Archives. Version originale sans sous-titres. Aucun bonus.