Un très beau drame émouvant sur une petite fille sourde et muette qui, après des années d’enfermement dans le cocon familial, va apprendre à s’ouvrir aux autres malgré les déchirements, les doutes et les difficultés de ceux qui l’entourent.

Mandy 1952

Mandy (1952)

Réalisé par Alexander Mackendrick

Ecrit par Nigel Balchin et Jack Whittingham

Avec Phyllis Calvert, Jack Hawkins, Terence Morgan, Mandy Miller, Godfrey Tearle, Marjorie Fielding,…

Direction de la photographie : Douglas Slocombe / Direction artistique : Jim Morahan / Montage : Seth Holt / Musique : William Alwyn

Produit par Michael Balcon et Leslie Norman pour Ealing Studios

Drame

93mn

UK

« Mandy (Mandy Miller), sourde à sa naissance, est tiraillée entre ses parents qui ne sont pas d’accord sur l’éducation à lui donner. Sa mère Christine (Phyllis Calvert) l’inscrit dans une institution spécialisée où le responsable (Jack Hawkins) la convainc que, grâce à ses méthodes, Mandy pourra peu à peu apprendre à parler. Jaloux du professeur, le père Harry (Terence Morgan) retire l’enfant de l’institution… »

Christine (Phyllis Calvert) et son mari Harry (Terence Morgan) entourent d’amour et d’attention la petite Mandy, deux ans, leur fille unique, qu’ils verraient bien plus tard femme d’affaires, artiste ou… simple ménagère. Mais Christine ne comprend pas pourquoi Mandy ne parle toujours pas. Son amie, Lily (Eleanor Summerfield), qui a un enfant du même age, lui dit de ne pas s’inquiéter.

Quand Christine parle de son appréhension à son mari, celui-ci trouve également qu’elle s’inquiète pour rien. Mais après un test et une visite à l’hôpital, ils doivent se rendre à l’évidence : Mandy est sourde et muette. Harry décide alors que Mandy doit être éduquée à la maison, et comme leur deux pièces n’est pas assez grand, ils vont vivre dans la grande maison bourgeoise des parents d’Harry à Londres.

Six ans plus tard, Christine n’en peux plus de voir sa fille incapable de communiquer avec le monde extérieur et notamment les autres enfants. Contre l’avis de son mari, elle décide d’amener Mandy à Manchester pour qu’elle incorpore une institution pour sourds et muets, dirigée par un professeur charismatique Sears (Jack Hawkins).

« Mandy » montre l’évolution, non sans heurts, de cette petite fille pas comme les autres et les drames que la situation engendre du côté des adultes. Le couple Harry/Christine bat de l’aile et Christine part s’installer à Manchester. Sears est mis en difficulté par l’administrateur qui veut se débarrasser de lui, et est bien décidé à jouer de son intimité avec Christine, femme mariée, pour le licencier. Une jeune institutrice qui a déjà enseigné auprès des enfants « normaux » découvre les difficultés de l’éducation spécialisée.

La dramaturgie est riche, et « Mandy » évite les écueils du mélodrame et du film lourdement didactique. Il ne prend pas non plus la défense aveugle de l’institution contre la famille. Que Mandy puisse s’en sortir est d’abord la conséquence directe des efforts de la mère et de Sears. Malgré un certain conformisme qui voudrait soit enfermer l’enfant dans le cercle familial, soit dans une institution en dehors de la société. « Mandy » apporte un message d’espoir et d’épanouissement de l’individu sourd et muet dans une société ouverte. Pas si facile donc, puisque cela sous-entend aussi l’ouverture de la société… mais l’espoir existe.

Les scènes qui se situent dans l’école pour sourds ont été tournées dans la Royal School for The Deaf à Manchester. Ce choix s’avère très efficace et renforce le côté véridique du film, qui vogue entre le ton quasi documentaire (qu’est ce qu’un enfant sourd ?) et un ton mélodramatique bien dosé. « Mandy » est un petit chef d’oeuvre d’émotion qui n’a pas besoin de tirer sur les grosses ficelles du genre pour émouvoir. C’est notamment dû à la capacité de Mackendrick de filmer à hauteur d’enfants (aidé par la caméra du génial Douglas Slocombe)  mais aussi grâce à la qualité des interprètes.

La petite Mandy Miller, alors âgée de huit ans (et qui n’est pas du tout sourde dans la vie), est remarquable. Elle avait été découverte l’année précédente par Mackendrcik qui l’avait fait jouer dans sa formidable comédie « The Man in the White suit » (1951) aux côtés d’Alec Guinness. Elle a continué à jouer à la télévision et au cinéma jusqu’à ses dix huit ans, âge où elle a décidé de partir aux Etats-Unis pour être fille au pair. Elle épousera un architecte deux ans plus tard avec lequel elle aura trois enfants.

La mère est interprétée avec justesse par Phyllis Calvert qui était l’une des héroïnes de Gainsborough Pictures au début des années 40 et le mari par Terence Morgan, un second rôle talentueux. Enfin, Jack Hawkins interprète le rôle d’un directeur d’école passionné par son métier, et joue ici avec une fragilité et une sensibilité assez rares chez cet acteur.

Coffret zone 2 FR : The maggie / Mandy / Sammy Going South. Studio Tamasa (2018). Version originale sous-titrée en français. Bonus : interview de Charlotte Garson (70mn), Films annonces, livret 12 pages illustrées.