Review of: Love on the Dole
Drame social:
John Baxter

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Rating:
4
On 4 novembre 2017
Last modified:4 novembre 2017

Summary:

L'un des premiers grands drames sociaux britanniques. Sorti en temps de guerre, le film se veut une ode aux masses ouvrières fortement malmenées pendant la grande dépression.

L’un des premiers grands drames sociaux britanniques. Sorti en temps de guerre, le film se veut une ode aux masses ouvrières fortement malmenées pendant la grande dépression.

Love on the Dole (1941)

Réalisé par John Baxter

Ecrit par Walter Greenwood, Barbara K. Emary et Rollo Gamble d’après le roman de
Walter Greenwood

Avec Deborah Kerr, Clifford Evans, George Carney, Geoffrey Hibbert,…

Direction de la photographie : James Wilson / Montage : Michael C. Chorlton / Musique : Richard Addinsell

Produit par John Baxter pour la British National Films

Drame / Social

UK

Au début des années 30, Sally (Deborah Kerr) et Harry (Geoffrey Hibbert) sont frères et soeurs de parents simples vivant dans un quartier ouvrier du nord de l’Angleterre. Leur vie est difficile mais ce n’est rien à côté de ce qu’ils vont devoir subir dans les mois et années à venir. Car les effets de la grande dépression vont bientôt se faire sentir.

La première scène nous propose une vue en survol d’un paysage industriel noirci par les fumées des usines et charbonneries pour ensuite parcourir les enfilades de petites maisons ouvrières toutes semblables. Dans l’une d’elle, une veille femme ranime un feu avec un journal daté de 1932 qui proclame triomphalement : « Un boom du commerce en approche » !

Un homme, la quarantaine, entre dans la maison, recouvert de poudre noire. C’est un mineur, il rentre du travail. Il donne des coups de balais dans le plafond afin de réveiller ses enfants, un jeune homme et une jeune femme, proche de la vingtaine. Sally travaille dans un bureau tandis qu’Harry finit un apprentissage d’ouvrier. Ils s’habillent pendant que leur père prend sa toillette dans une cuvette posée sur le sol de la cuisine. Puis ils se retrouvent tous à table. Ils se partagent un oeuf à trois, tandis qu’Harry ose aborder le sujet qui fâche. Il aimerait s’acheter un costume pour avoir quelque chose à se mettre sur le dos quand il sort avec ses amis. Refus catégorique du père qui refuse de s’endetter, craignant la montée de la crise.

Le père finira par céder mais il n’avait pas tort de se méfier. Après un court bonheur – Harry gagne ainsi une petite somme aux paris qui lui permet de faire un beau voyage à… Blackpool – Le Las Vegas des ouvriers anglais.

En fait, contrairement à ce que promettait le titre du journal, la crise va en fait s’empirer et le chômage va bientôt frapper à leur porte. Des manifestations vont s’organiser, entrainant des morts, il vont devoir vendre ce qu’il leur reste pour pouvoir manger. Et Harry et Sally vont devoir choisir entre leur dignité et leur désir de s’en sortir.

« Love on the Dole » est probablement l’un des premiers films qu’on pourrait rapprocher des kitchen sink dramas qui vont connaitre leur heure de glorie à partir de la fin des années 50. Sorti pendant la seconde guerre mondial, le ton très dépressif du film peut surprendre. On a d’ailleurs droit à un avertissement juste après le générique :

« Ce film se remémorre l’une des pages les plus sombres de notre histoire industrielle. Que sa production ait été rendue possible en temps de guerre souligne la liberté d’expression du grand Commonwealth des Nations, une liberté que nous tentons aujourd’hui de présperver.

Dans les faubourgs de chaque ville, il y a une zone de pauvreté et d’obscurité où les hommes et femmes luttent sans arrêt pour survivre décemment face aux coups du hasard, ne doutant jamais que les nuages de la dépression un jour se dissiperont.

Parmi ces quartiers, on pouvait compter Hankey Park, en mars 1930. »

En fait, « Love on the Dole » est tiré du roman éponyme écrit par Walter Greenwood, alors qu’il était chomeur à Salford, une ville minière du nord-ouest de l’Angleterre. Publié en 1932, il a été un énorme succès de librairie en Angleterre mais aussi aux Etats-Unis. Une adaptation théâtrale voit le jour deux ans plus tard et triomphe à Manchester puis à Londres avant d’aller jusqu’à Broadway.

Entre temps Greenwood avait travaillé poru le cinéma sur le scénario de la comédie sportive « No Limit » (1935) pou Monty Banks avec George Formby. Il écrit une adaptation cinéma de « Love on the Dole » pour Gaumont Pictures mais le bureau de la censure (le BBFC) refuse que le scénario soit filmé à cause du peu de moralité du film et son positionnement politique. Un refus qui fera jaser aux USA où les journaux condamneront la frilostié du censeur anglais.

Il faudra attendre 1940 pour que « quelqu’un de haut placé » botte les fesses du BBFC et que celui-ci change d’avis. Le BBFC encourage Greenwood de porter son livre à l’écran. Churchill se fera projeté le film avant la sortie et l’approuvera personnellement.

Il faut dire qu’en 1941, les Anglais souhaitaient bien se faire voire des Américains. De plus, le chômage semblait désromais faire partie du passé. L’idée était donc de montrer que les Britanniques étaient capables de surmonter les crises les plus dures et surtout que les lendemains seront forcément meilleurs !

Reste que la façon dont Sarah surmonte la crise est pour le moins osée et plutôt déprimante ! Même si le film sait être drôle et touchant, on est très loin du feel good movie !

La conclusion du film se veut pourtant optimiste :

« Nos travailleurs ont répondu magnifiquement à toutes les demandes qui leur ont été faites. Leur récomepense doit être une nouvelle Grande Bretagne. La paix viendra. Plus jamais les chômeurs ne doivent devenir les oubliés de la paix – AV Alexander, First lord de l’amirauté »

Conclusion qui sera forcément relue avec ironie aujourd’hui alors que les ouvriers britanniques avaient encore à affronter leur pire ennemi : le Tatchérisme.

En tout cas le film alligne une galerie de personnages forts et réalistes. La réalisation de John Baxter est  sobre et efficace. Quant au casting merveilleux. La présence au générique d’une star comme Deborah Kerr peut surprendre, mais à l’époque elle était inconnue et signait ici son premier grand rôle. Deux ans plus tard on la verra devant la caméra de Powell dans le superbe « The Life and Death of Colonel Blimp« (1943)

« Love on the Dole » est disponible dans une belle copie en blu-ray/DVD avec des sous-titres anglais. A voir !

Combo DVD/Blu-ray UK. Studio BFI (2016). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels. Livret 18 pages.