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On 22 août 2013
Last modified:4 novembre 2017

Summary:

Un film sur la violence et la misère urbaines à Londres sur fond de rap. Le réalisateur évite heureusement la plupart des écueils.

Un film sur la violence et la misère urbaines à Londres sur fond de rap. Le réalisateur évite heureusement la plupart des écueils.

Ill Manors (2012)

Ill Manors (2012)

(La cité de la violence)

Ecrit et réalisé par Ben Drew

Avec Riz Ahmed, Ed Skrein, Natalie Press,…

Directeur de la photographie : Gary Shaw

Produit par BBC Films, Film London,…

Crime / Drame

121mn

UK

Deux amis d’enfance, Aaron (Riz Ahmed) et Ed (Ed Skrein), sont devenus des dealers de petite envergure. Ed se fait arrêter, mais a juste le temps de confier son téléphone (avec les contacts de tous ses clients) à Aaron. Malheureusement, Aaron s’est fait apparemment voler le portable par une prostituée chez leur fournisseur Kirby (Keith Coggins). Ce dernier, un « vieux » juste sorti de prison, essaie de remettre la main sur son quartier. Mais son ex-beau fils, Chris (Lee Allen), a aujourd’hui pris le pouvoir. 

Premier film de Ben Drew, un jeune rappeur anglais alors âgé de 29 ans, qui en signe le scénario et la réalisation, « Ill Manor » a été en développement pendant trois ans avant de voir le jour grâce à un partenariat entre BBC Films et Film London qui ont financé 60.000 livres du budget (le film en aurait coûté 100.000 au total).

Le film s’intéresse à huit personnages principaux, résidant dans le quartier de Forest Gate à Londres, et en marge de la société : drogués, dealers, prostituées, jeunes paumés,… Chaque personnage principal se voit consacré un morceau de rap qui résume sa vie. Un procédé narratif intéressant mais qui donne un côté clip renforcé par des effets de caméra un peu trop à la mode (on sent les influences de Tarantino, Boyle ou encore Ritchie). Ceci dit, Ben Drew essaie de rester terre à terre et d’éviter le piège du film clip sur-vitaminé.

Du fait du nombre de personnages et des flashbacks, on peut se perdre un peu dans l’histoire, mais globalement la construction narrative se tient, et les personnages ont de la consistance (notamment grâce à des acteurs vraiment convaincants).

On pense parfois à une version 2013, londonienne et rap de « Trainspotting ». Comme le film de Danny Boyle, « Ill Manors » va très loin dans l’étalage de la misère et de la violence. Forcément ça frôle la complaisance, même si la violence y est moins graphique qu’ailleurs. On appréciera également que malgré la noirceur du film, quelques personnages apportent des touches d’espoir et d’humanité, principalement le « héros » du film, Aaron (Riz Ahmed).

Lui-même abandonné par son père qui a disparu de la circulation quand il avait six ans, Ben Drew a tendance à expliquer le destin brisé de ses personnages par le manque d’amour ou les violences qu’ils ont subis pendant leur enfance. Cette explication un peu simple de la délinquance pourra agacer certains, mais son film et ses personnages sont crédibles, malgré leurs excès et leur côté un peu sommaire.

Tout n’est pas parfait dans « Ill Manors ». Mais pour un premier film d’ un jeune rappeur, sur un sujet maintes fois rabâché à l’écran (la violence et la misère urbaines), je m’attendais à bien pire.

DVD et Blu-Ray France Télévisions Distribution. Version originale sous titrée en français et version française.