Review of: High-Rise

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4
On 14 août 2016
Last modified:31 mai 2020

Summary:

Un démontage dans les règles de la construction sociale hiérarchique et de la société de consommation.

Un démontage dans les règles de la construction sociale hiérarchique et de la société de consommation

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High-Rise (2015)

Réalisé par Ben Wheatley

Ecrit par Amy Jump d’après le roman de J.G. Ballard

Avec Tom Hiddleston, Jeremy Irons, Sienna Miller, Luke Evans, Elisabeth Moss, Reece Shearsmith…

Directeur de la photographie : Laurie Rose

Musique de Clint Mansell

Produit par Jeremy Thomas pour Recorded Picture Company (RPC), British Film Institute (BFI), Film4

Satire sociale

119mn

UK / Belgique

1975. Le Dr Robert Laing (Tom Hiddleston) emménage près de Londres dans un nouvel appartement d’une tour ultra-moderne à peine achevée. Mais les tensions entre les habitants de la tour vont mener à une guerre civile…

high-rise_2015On connaissait Ben Wheatley pour ses films violents et à l’ironie mordante, qu’il lorgne du côté du film de gangster (Down Terrace), du film d’horreur (Kill List) ou du road movie sanglant (Sightseers). Il avait pris un tournant quasi-expérimental avec le film historique sous hallucinogènes « A field in England ».

Ici il lorgne vers la satire sociale avec une adaptation d’un roman de l’écrivain anglais JG Ballard dont l’oeuvre a déjà été adaptée au cinéma par Spielberg (« Empire of the Sun » en 1987) et Cronenberg (« Crash » en 1996).

Visuellement « High-Rise » est une très belle réussite. L’architecture de l’immeuble est somptueuse, et ce côté futuriste seventies est très agréable à l’oeil.

Par contre l’histoire est parfois difficile à suivre. Les personnages sont assez forts, et interprétés par une palanquée d’acteurs de talents, Tom Hiddleston en tête, mais l’ensemble reste assez confus. Il y a bien sûr le thème central de la lutte des classes (symbolisés par les différents étages de la tour) et une critique du capitalisme sauvage. Les privilégiés habitent tout au sommet et le dernier étage, avec son magnifique jardin, est occupé par l’architecte-maître marionnettiste-Dieu Royal (incarné par Jeremy Irons). La tour est une mini ville avec ses espaces communs (salle de sport, piscine) et son supermarché.

Si les luttes sociales en jeu sont assez claires et bien montrées à travers les différents personnages et leurs interactions (souvent violentes), le film part un peu dans tout les sens à la moitié du film et devient bordélique et anarchique à mesure que la folie s’empare mystérieusement de ses occupants. Ce qui rentre en contradiction avec la minutie visuelle du film.

« High-Rise » aurait pu encore être plus méchant, plus sale. Il aurait pu aussi proposer une progression narrative plus convaincante. Là il doit commencer avec un aperçu du futur pour inaugurer les tensions du présent. Le reste du film nous étant raconté dans un long flashback pour revenir au point initial. Au niveau de la tension dramatique, il est assez rare que ce soit un bon choix, mais ici il permet quand même d’attiser une certaine curiosité. Le problème étant que le pourquoi n’existe pas vraiment. Ce n’est pas l’enjeu du film. Alors que l’introduction semble poser la question de savoir pourquoi et comment on en est arrivé là.

« High-Rise » n’est pas un mauvais film, loin s’en faut, mais le script d’Amy Jump (collaboratrice de Wheatley depuis « Kill List » en 2011) souffre de quelques défauts (longueurs, manque d’évolution cohérente de la narration et des personnages). Mais j’ai apprécié l’humour noir délectable, typique de Wheatley-Jump, et le démontage dans les règles de la construction sociale hiérarchique et de la société de consommation (bien entendu symbolisées par la tour elle-même). Un sujet parfaitement d’actualité.

Blu-ray/DVD. Edition FR. Studio M6 Vidéo. Version originale avec sous-titres français et version française.