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On 12 octobre 2014
Last modified:17 février 2018

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Un mélodrame de fin de guerre. Un village britannique est-il prêt à accueillir une jeune Allemande ?

Un mélodrame de fin de guerre. Un village britannique est-il prêt à accueillir une jeune Allemande ?

Frieda-1947 (farrar-Zetterling)

Frieda (1947)

Réalisé par Basil Dearden

Adapté par Angus MacPhail et Ronald Millar de la pièce de Ronald Millar

Avec David Farrar, Glynis Johns, Mai Zetterling,…

Directeur de la photographie : Gordon Dines

Produit par Michael Balcon pour Ealing Studios

Drame

UK

Dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale, la jeune infirmière allemande Frieda (Mai Zetterling) vient en aide à Robert (David Farrar) et l’aide à s’échapper du camp de travail où il est retenu prisonnier. Elle l’aime, mais pas lui. Par gratitude, il la ramène en Angleterre et lui promet de l’épouser.

Seriez-VOUS prêt à accueillir Frieda chez VOUS ?

Frieda-1947Sorti deux ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, l’un des mérites de « Frieda » est de poser frontalement la question du pardon. Après une première guerre mondiale qui a déjà causé des millions de morts (dont le père du héros) et pendant une deuxième guerre où les Allemands sont venus attaquer les Britanniques chez eux, est-ce que ceux-ci vont accepter d’intégrer une jeune allemande, même si elle a sauvé un soldat britannique ?

Robert, le jeune soldat qui ramène l’infirmière allemande qui l’a sauvé, n’a pas l’air d’en douter quand il se remémore sa vie paisible d’avant guerre dans son village où il a grandi dans l’Oxfordshire.

Mais, on s’en doute, Frieda va devoir faire face à un mur d’hostilité, qu’il soit déclaré ou sous-entendu. Dans la plupart des cas, le rejet n’est pas frontal. La politesse reste (la plupart de temps) de mise, mais à peine. Plusieurs fois, sa main tendue est ignorée. Et les conséquences pour Robert ne sont pas négligeables. Il doit abandonner son poste de professeur face à l’absentéisme grandissant dans sa classe. Dans la propre famille de Robert, Frieda doit faire face à l’hostilité de la tante Nell, une figure politique locale, qui estime que les Allemands sont collectivement responsables.

Nell Dawson: Chaque mois qui passe rendra les choses plus faciles pour vous. Dans six mois vous serez acceptée par les gens.
Frieda: Par vous aussi ?
Nell Dawson: Par neuf personnes sur dix.
Frieda: Par vous aussi ?
Nell Dawson: Je suis la dixième.

Et de fait, la question de sa propre responsabilité se pose pour Frieda. Après avoir vu au cinéma les images d’actualité de la libération des camps de concentration, elle avoue à Robert qu’elle était au courant. Robert essaie de la rassurer mais on sent qu’il commence à chanceler.

Néanmoins, grâce à sa persévérance et à  l’appui de Robert, Frieda semble finalement réussir son intégration. Globalement ce petit village, qui représente la Grande-Bretagne, a ses défauts mais n’est pas cruel (nous sommes dans une production Ealing quand même !). D’autant que la guerre est désormais finie. Mais c’était sans compter sur l’arrivée du frère de Frieda qui lui n’a pas abandonné l’espoir d’une revanche (un thème qui par la suite donnera lieu à de nombreux scénarios de fiction paranoïaque comme le célèbre « The boys from Brazil« ).

« Frieda » fait partie des films de Dearden où via une forme assez classique (ici le mélodrame), il fait passer un message politique (le pardon est nécessaire, même s’il ne peut être global – la victoire n’a pas annihilé l’idéologie nazie). Le film est une jolie réussite et pas seulement par l’audace de son propos (même s’il peut sembler parfois enfoncer des portes ouvertes – c’est un jugement facile 70 ans plus tard).

Dearden fait un certain nombre de choix visuels pertinents (cadrages, référence au cinéma de propagande soviétique, la scène du mariage en flashback filmée en vue subjective puis celle fantasmagorique du suicide,…). Les deux acteurs centraux qui forment ce couple apparemment impossible sont également très convaincants. On sent le doute palpable chez la jeune Mai Zetterling (actrice suédoise et non allemande qui joue ici dans son premier film en langue anglaise) aussi bien que, plus tard, chez David Farrar (Robert a finalement l’air de soutenir Frieda plus par devoir que conviction ou… amour).

Disponible dans le coffret « The Ealing Studios rarities volume 3 » chez Network DVD (zone 2 UK). Aucun sous-titre.