Review of: Cry Freedom
Drame / Politique:
Richard Attenborough

Reviewed by:
Rating:
4
On 27 mars 2015
Last modified:19 juin 2015

Summary:

Un film fort qui dénonce les horreurs de l'Apartheid. Démonstratif, parfois maladroit, mais efficace.

Un film fort qui dénonce les horreurs de l’Apartheid. Démonstratif, parfois maladroit, mais efficace.

Cry-Freedom-1987

Cry Freedom (1987)

(Le cri de la liberté)

Réalisé par Richard Attenborough

Ecrit par John Briley d’après l’auto biographie de Donald Woods

Avec Denzel Washington, Kevin Kline, Josette Simon,…

Directeur de la photographie : Ronnie Taylor

Musique : George Fenton et Jonas Gwangwa

Produit par Richard Attenborough

Drame / historique / politique

UK

Le journaliste sud africain Donald Woods (Kevin Kline) est un opposant à la politique de l’Apartheid. Mais c’est aussi un Afrikaner, donc un membre de l’élite blanche. Sa rencontre avec le militant noir Steve Biko (Denzel Washington) va l’obliger à faire face à ses contradictions. 

CryFreedomCinq ans après le triomphe public et critique de Gandhi, Richard Attenborough revient sur une figure emblématique de la lutte pour l’égalité fortement chargée politiquement. Et « Cry Freedom » a souvent, injustement, souffert de la comparaison avec son ainé, plus spectaculaire mais également moins risqué.

Ici Attenborough prend nettement plus de risques en s’attaquant à un sujet contemporain. En 1987, l’apartheid est toujours bien vivace en Afrique du Sud et le héros du film, Steve Biko, est mort il y a tout juste dix ans. Afin de nous parler de l’apartheid, Attenborough décide de nous la faire découvrir à travers le regard d’un Afrikaner, le journaliste Donald Woods. Très critique vis à vis du gouvernement en place, ce dernier va d’abord rencontrer avec réticence l’activiste anti apartheid Steve Biko. Mais une amitié va rapidement se former entre les deux hommes et il va s’impliquer de plus en plus frontalement contre le gouvernement. Après l’assassinat de Biko, il devra fuir l’Afrique du Sud avec sa famille.

Les mémoires de Woods ont largement inspiré le film. Il ne s’agit donc pas d’un film biographique de Biko. Ce dernier n’est décrit qu’à travers l’amitié des deux hommes et ses discours politiques. Biko est surtout un déclencheur pour Woods (ainsi que pour le spectateur). C’est grâce à Biko qu’on découvre la réalité de l’apartheid. Mais le personnage (même s’il est très bien joué par Denzel Washington) manque un chouïa de consistance. On se sent beaucoup plus proche de Woods. Et du coup son décès n’a pas l’impact émotionnel qu’il devrait avoir.

On pourra reprocher aux deux premiers tiers du film (avant la mort de Biko) d’être un peu démonstratifs. Reste qu’Attenborough s’est donné pour mission de démonter le système et le fonctionnement de l’Apartheid, et c’est exactement ce qu’il fait, méthodiquement. Pour enfoncer le clou et montrer l’horreur de la politique sud africaine, Attenborough reconstitue en quelques séquences impressionnantes les massacres de Soweto de 1976 (même si elles auraient mérité de mieux s’insérer dans le récit).

Enfin, le dernier tiers du film propose un changement de ton total. On délaisse le politique, pour décrire la fuite épique de Woods habillé en prêtre pour échapper à la surveillance du gouvernement sud africain et franchir la frontière avec le Lesotho. Cette dernière partie a été souvent critiquée. Il est vrai qu’elle est très différente du reste du film et probablement un peu maladroite. Mais pour moi c’est en cohésion avec le choix du cinéaste. Les événements sont vus à travers les yeux de Woods. Sa fuite de son pays natal dans l’espoir d’aller publier son livre sur Biko en Angleterre est un moment crucial.

Le film aurait pu bénéficier d’un recentrage sur la personnalité de Biko et d’un meilleur montage, plus équilibré. Mais si Attenborough a décidé de raconter cette histoire à travers les yeux d’un journaliste blanc c’est parce qu’il voulait que les spectateurs visés par le film (les occidentaux) se sentent directement concernés. David Woods pourrait être vous ! semble dire le réalisateur. Et s’il s’est battu contre l’Apartheid, au péril de sa vie et de celle de sa famille, vous devez l’entendre et relayer son combat !

« Cry Freedom », malgré ses choix qui peuvent portés à discussion, reste un très beau film qu’il est encore aujourd’hui nécessaire de voir pour se rappeler que l’Apartheid, s’il n’existe plus sous sa forme politique, est sûrement l’une des pires monstruosités politiques du XXe siècle.

[xrr rating=8/10]

DVD Universal Pictures. Zone 2 FR. Version française et version originale sous titrée en français