Drame:
Barney Platts-Mills

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4
On 28 décembre 2011
Last modified:28 octobre 2017

Summary:

Bronco Bullfrog est un portrait réaliste de la jeunesse de l'Est End Londonien à la fin des années 60. Après les mods mais avant les punks!

Bronco Bullfrog est un portrait réaliste de la jeunesse de l’Est End Londonien à la fin des années 60. Après les mods mais avant les punks !

bronco bullfrog

Bronco Bullfrog (1969)

Réalisé et écrit par Barney Platts-Mills

Avec Del Walker, Anne Gooding, Sam Sheppard, Roy Haywood

Produit par Maya Films

Social, drame

86 mn

UK

Deux adolescents veulent s’aimer au présent, mais se sentent prisonniers de leurs familles respectives et de leur manque de confiance dans un futur qui leur semble complètement bouché.

Bronco BullfrogAu cours des années 60, le jeune réalisateur Barney Platts-Mills s’intéresse de prêt au travail d’une grande dame du théâtre britannique Joan Littlewood. Cette dernière a notamment créé le Theatre Workshop, une troupe très ancrée à gauche (son activisme lui vaudra d’être mise sous surveillance par les services secrets britanniques et d’être bannie de la BBC). Certaines des productions du Theatre Workshop ont été adaptées en film, dont « A taste of Honey » (Tony Richardson, 1961) et « Oh! What a lovely war » (Richard Attenborough, 1969). Barney Platts-Mills, troisième assistant monteur sur « A kind of loving » (1962), décide en 1968 de réaliser un documentaire sur la grande dame qu’il admire (« Everybody’s an actor, Shakespeare said »).

A la fin des années 60, Joan Littlewood dirige le Royal Theatre de Stratford. Lassée de voir des jeunes gens errer autour de son théâtre, et faire les 400 coups, elle leur propose de venir travailler dans le théâtre et de suivre des cours avec elle. C’est cette expérience que Barney Platts-Mills va raconter dans son documentaire « Everybody’s an actor, Shakespeare said » (1968).

Fascinés par la caméra, les jeunes vont proposer à Barney Platts-Mills de faire un « vrai film ». Le scénario va naitre de séances d’improvisation dirigées par Joan Littlewood qui vont être fixées sur papier par Platts-Mills.

Le résultat est « Bronco Bullfrog », un film en noir et blanc, au budget pharaonique de 18.000 livres, entièrement tourné avec des acteurs amateurs, sur la jeunesse des quartiers populaires de l’est londonien à la fin des années 60. Des jeunes post mods mais pre punks sur la tête desquels règne déjà le spectre du « No Future ».
Le film sera salué par la critique de l’époque qui note les influences cumulées du néo-réalisme italien, de la nouvelle vague et du free cinéma (alors que le réalisateur affirme pour sa part que c’est une mise en image et un hommage aux méthodes de travail de Joan Littlewood).

« Bronco Bullfrog » est un très beau film sur l’adolescence qui donne l’impression d’avoir été tourné directement par les adolescents eux même. Les silences et les erreurs de jeu des acteurs sont conservés par le réalisateur qui cherche davantage le réalisme à travers les non dits, les blancs des dialogues, les doutes (bref le vécu des acteurs) que via une interprétation parfaite, sans faille. Et le jeu décalé des acteurs finit en effet par faire partie du charme et par renforcer le réalisme du film, tant on a l’impression de voir des scènes vécues rejouées directement devant la caméra par ceux même qui les ont déjà interprétées dans la vraie vie.

Barney Platts-Mills enchainera par un autre film intéressant « Private road » (1971), mais ne retournera par la suite que deux fois à la réalisation avec le bizarre « Hero » tourné en gallois (1982) et « Zohra: A Moroccan Fairy Tale » (2010, pas encore sorti).

Invisible depuis sa sortie, « Bronco Bullfrog » retrouve la lumière du jour grâce au BFI qui a fait un très beau travail d’édition : copie restaurée, coffret dvd-blu ray avec un livret d’une trentaine de pages, et plusieurs bonus (une interview de Joan Littlewood de 1968, le documentaire « Everybody’s an actor, Shakespeare said »,…).

A noter que, surprise, le film bénéficie de sous titres français ! Vous n’avez donc aucune excuse pour ne pas acheter ce film rare et précieux.

DVD/Blu-ray BFI. Collection BFI Filpside. Film en anglais (avec sous-titres anglais ou français). Trois bonus non sous titrés (Interview de Joan Littlewood, « Everybody’s an actor, Shakespeare said », « Seven green bottles »), livret.