Review of: Bloody Kids
Drame:
Stephen Frears

Reviewed by:
Rating:
4
On 29 août 2017
Last modified:6 octobre 2020

Summary:

Un excellent téléfilm sur la jeunesse désoeuvrée de la fin des années 70 signé Stephen Frears. Quand les adultes perdent le contrôle...

Un excellent téléfilm sur la jeunesse désœuvrée de la fin des années 70 signé Stephen Frears. Quand les adultes perdent le contrôle…

Bloody Kids (1980)

Réalisé par Stephen Frears

Ecrit par Stephen Poliakoff

Avec Derrick O’Connor, Gary Holton, Richard Thomas, Mel Smith,…

Directeur de la photographie : Chris Menges / Montage : Peter Coulson / Direction artistique : Martin Johnson / Musique : George Fenton

Produit par Barry Hanson pour Black Lion Films

Première diffusion : le 22 Mars 1980 sur ITV

Drame

91mn

UK

Leo (Richard Thomas) est un collégien de onze ans mais il accumule déjà les petits actes de délinquance. Un jour il décide d’organiser une blague avec son meilleur copain Mike (Peter Clark). Suite à une bagarre, il doit faire semblant de le poignarder. Mais Leo est vraiment blessé et il fait passer Mike pour un tueur.

Leo est un jeune garçon livré à lui-même qui accumule les petits délits. Il vole le képi du chef de la police, dessine sur les murs de l’école avec du feutre indélébile,… Rien de bien remarquable me direz-vous. Il décide donc de profiter du prochain gros événement local, un match de foot, pour organiser un canular digne de ce nom : il demande à son copain Mike de faire semblant de le poignarder.

Sauf que la blague tourne mal, et que Mike s’enfuit en ne sachant pas si Leo est encore vivant. De son côté, Leo raconte toute une histoire aux policiers qui fait de Mike un potentiel tueur de masse. Mike ne sait plus que faire et tombe sur Ken (Gary Holton), un jeune homme qui va l’entrainer avec lui faire les 400 coups – contre son gré.

Le scénario écrit par le dramaturge, scénariste et réalisateur Stephen Poliakoff met en scène des jeunes qui essaient avant tout d’attirer l’attention des adultes. On ne verra jamais les parents de Leo et de Mike, aux abonnés absents. Et les services publics, les policiers, professeurs et corps médical sont complètement dépassés par ces actes de délinquance juvénile.

Leo pourrait être Ken quelques années plus tard. Remplacer les canulars (même macabres) par des courses de voitures volées ou des arnaques dans les restaurants… jusqu’à un acte suicidaire.

Pour Leo comme pour Ken, Mike est à la fois un faire valoir et un souffre douleur qui plie l’échine jusqu’à un certain point. Mike apparait finalement, malgré sa relative passivité, comme l’un des personnages les plus murs.

« Bloody Kids » est très symbolique de la noirceur de la toute fin des années 70 et du début des années 80 marquées bien sûr par l’arrivée au pouvoir de Thatcher et dans la culture populaire par le remplacement des mods, comme Ken, par des punks. L’action du téléfilm se situe dans une ville côtière populaire de l’Essex qui n’est pas citée (le téléfilm a été tourné essentiellement à Southend-on-Sea), mais l’absence d’infrastructures ou d’activités pour les jeunes est clairement dénoncée (les scènes dans le « dancing » sont assez drôles). Le « no future » plane clairement au-dessus de la tête des jeunes de « Bloody Kids ». Quand il n’y a plus d’espoir.

L’interprétation est excellente. Richard Thomas (Leo) signe néanmoins ici son unique apparition sur les écrans. Peter Simmons (Mike) continuera à tourner épisodiquement jusqu’à la fin des années 90. Quant à  Gary Holton (Ken), également connu comme chanteur de rock, il deviendra célèbre pour son rôle de Wayne Norris dans la sitcom « Auf Wiedersehen, Pet » (1983-1986). Il décédera malheureusement d’une overdose de morphine et de cocaïne en 1985. On notera aussi parmi les adultes, la présence de l’acteur irlandais Derrick O’Connor ici excellent en détective dépassé et mené par le bout du nez par un gosse de onze ans.

« Boody Kids » est réalisé de main de maitre par un Stephen Frears qui alors travaillait essentiellement pour la télévision. A ce moment de sa carrière son seul film cinéma restait l’excellent « Gumshoe » (1971) et il ne retournerait au cinéma qu’en 1984 avec « The Hit », suivant à peu près le même parcours que Mike Leigh et en moindre mesure Ken Loach.

Par chance, Bloody Kids est disponible en DVD en France (en version originale sous titrée seulement), dans une édition simple sans bonus, mais qui a le mérite d’exister grâce à la notoriété de Frears dans notre pays.

DVD zone 2 FR. Studio BQHL (2009). Version originale sous-titrée en français.